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Type de textesource
TitreDe architectura
AuteursVitruve (Marcus Vitruvius Pollio)
Perrault, Claude
Date de rédaction(-35):(-25)
Date de publication originale
Titre traduitLes dix livres d’architecture de Vitruve
Auteurs de la traductionPerrault, Claude
Date de traduction1673
Date d'édition moderne ou de réédition
Editeur moderne
Date de reprint

, "Comment il faut faire les Peintures dans les Edifices" (numéro VII, 5) , p. 228

Cependant, par je ne sçay quel caprice on ne suit plus cette regle que les Anciens s’estoient prescrite, de prendre toujours pour modele de leurs peintures les choses comme elles sont dans la verité : car on ne peint à present sur les murs que des monstres exravagans, au lieu de choses veritables et regulieres. On met pour colonnes des roseaux qui soutiennent un entortillement de tiges de plantes cannelées avec leurs fueillages refendus, & tournez en maniere de volutes ; on fait des chandeliers qui portent de petits chasteaux, desquelles, comme si c’estoient des racines, il s’élève quantité de branches delicates, sur lesquelles des figures sont assises ; en d’autres endroits ces branches aboutissent à des fleurs dont on fait sortir des demy-figures, les unes avec des visages d’hommes, les autres avec des testes d’animaux ; toutes choses qui ne sont point, & qui ne peuvent estre, comme elles n’ont jamais esté. Tellement que les nouvelles fantaisies prévalent de sorte qu’il ne se trouve presque personne qui soit capable de découvrir ce qu’il y a de bon dans les arts, & qui en puisse juger.  Car quelle apparence y a-t-il que des roseaux soutiennent un toit ; qu’un chandelier porte des châteaux, & que les foibles branches qui sortent du faiste de ces châteaux portent les figures qui y sont comme à cheval ; enfin que de leurs racines, de leurs tiges, & de leurs fleurs il puisse naistre des moitiez de figures ? Cependant personne ne reprend ces impertinences, mais on s’y plaist, sans prendre garde si ce sont des choses qui soient possibles ou non ; tant les esprits sont peu capables de connoistre ce qui merite de l’approbation dans les ouvrages.

Pour moy je crois que l’on ne doit point estimer la peinture si elle ne represente la verité, & que ce n’est pas assez que les choses soient bien peintes, mais qu’il faut aussi que le dessein soit raisonnable, & qu’il n’y ait rien qui choque le bon sens.